La litre
Il s’agit d’une trace noire sur le pilier gauche de l’arc triomphal et il ne s’agit pas, comme le disait un jour une brave saint-ponaise, d’une trace laissée par la fumée des cierges.
« Les litres ont tout d'abord pour vocation de donner à voir à tous et à toutes celles qui viennent dans les églises les armoiries de ceux qui ont œuvré et/ou donné des fonds pour leur construction, on parle alors de litre seigneuriale »
(https://www.eure.gouv.fr/contenu/telechargement/6597/38315 ).
Dans des églises romanes de l’Auvergne, la litre peut courir sur tout un mur ou même faire le tour de l’église.
« Un bandeau noir peint sur le pourtour des murs de 'église et sur lequel figurent les armoiries seigneuriales, appelé litre, révèle un dispositif funéraire. Ce rite fut aboli avec la Révolution, effacé et oublié, il constitue aujourd’hui un enjeu crucial pour la restauration, les monuments historiques, bref notre mémoire. » (ZWINGENBERGER 2020)
Ici elle ne couvre qu’une partie du pilier gauche de l’arc triomphal. Son but semble bien être alors de donner à voir les armoiries du seigneur, lorsqu’il était présent, ou lorsqu’un évènement se produisait dans sa famille (naissance, mariage, décès). « Le patron fondateur avait droit de litre ; ses enfants, ses successeurs ou ayants cause, pouvaient les faire peindre au-dedans de l'église seulement et non au-dehors, s'il n'était seigneur haut-justicier ».
(ANDRE 1848). Mais ne pas oublier que « la couleur noire n’est associée à la mort qu’à partir du XIV ème siècle… À la mort de son second époux, Louis XII, Anne de Bretagne se vêt de noir et oblige la cour à faire de même... Une des premières mentions des armoiries devant un fond noir est donnée par Olivier de la Marche lorsqu' il témoigne de la réunion annuelle des chevaliers de la Toison d'or en 1445 à Gand » (ZWINGENBERGER 2020).
« Le droit de litre faisant partie des prérogatives seigneuriales sera supprimé à la Révolution française par la loi du 13-20 avril 1791, article 18 » (GUYOT 1834). « Dans l’espace public, le « droit de litre » accorde au seigneur de l'église le privilège de s’approprier l’espace sacré et de faire porter le deuil à toute la communauté, au même titre que le droit de banc alors que l'homme simple fait silence dans sa maison. La litre du seigneur fait porter son deuil à l’église ou à la chapelle de sa paroisse. » (ZWINGENBERGER 2020).