Les sorcières (las mascas)

Dès 990, on trouve donc l’appellation « l’église qu’on appelle de Saint Pons et la villa qu’on
appelle Mauvais chiens (malos canos) ». Mais en 1101 apparaît l’appellation des Masques.
Celle-ci est contestée et CARROU commente : « cette forme plus moderne que le titre
original, est nécessairement une addition du copiste » et elle n’est pas retenus par ALLIES,
CASSAN et MEYNIAL dans leur édition du Cartulaire de Gellone. Nous ne nous y réfèrerons
donc pas.
Il faut attendre 1385 pour voir revenir l’appellation : Saint Pons de Masques en 1385, Sant
Pons de Mascas en 1529 (GARCIA). On trouve même Saint Pol de Masques en 1418.
L’appellation est donc assez tardive et semble vouloir renouer avec les Mascos en féminisant
le nom.
Une explication de ce nom, autre que celle donnée par REY de la CROIX sur les arbres
échauffés, parait devoir être donnée par la configuration du lieu et en écrivant le nom au
féminin. En effet le village est bâti sur un piton et il est dominé par le château et l’église, qui
sont à peu près les seuls éléments visibles depuis la plaine de l’Hérault. Or, à côté de l’église
se trouve le cimetière (un proverbe dit même : « à Saint Pons, ils ont les morts au-dessus de
la tête »). On peut donc penser que lors des chaleurs d’été, des vapeurs et des lueurs
émanaient de ce cimetière. « Ces lueurs effrayèrent nécessairement des hommes qui n’en
connaissaient pas la cause et donnèrent lieu à des suppositions superstitieuses ». On s’imagina
que ces hauteurs étaient habitées par des fées ou des sorcières et on appela le village le pays
des « masques ». En occitan, au féminin et en un seul mot, cela donne « las mascos » (même
appellation que l’on retrouve à Montpellier pour la rue Portaillère des masques ou dans
l’expression occitane « porter la masque », le mauvais sort). Il s’agirait alors d’un surnom peu
flatteur.
Cette appellation des masques n’étant point flatteuse, on peut comprendre que les habitants
préfèrent utiliser le nom en deux mots et au masculin : « los mas cos » (les mauvais chiens) et
la légende (qui se retrouve en d’autre lieux de France) va donner corps à cette interprétation et
à l’orthographe d’aujourd’hui.