Les noms savants

N’étant satisfaits ni par la légende ni par les sorcières, certains cherchèrent l’explication de
l’appellation Mauchiens en fouillant dans le passé et en particulier dans le passé romain, en
faisant appel, en général à des migrations orthographiques.
« Il y a peu de temps encore, on voyait dans la cour du presbytère, cette curieuse inscription :
CVRIOS SEX LICIN (cette pierre se trouve actuellement au musée de la société
archéologique de Béziers – elle a 1 m. de long et 30 c. d’épaisseur. On pense qu’il faut écrire
ainsi (mer)CVRIOS SEX(tus) LICIN(ius), on aurait ainsi : Mercure, Dieu des voyageurs »
(BLAQUIERE). « L’étendue que devait avoir l’inscription lorsqu’elle était entière permet de
supposer un monument de proportions plus considérables qu’un simple cippe. On pourrait
penser à un petit temple, dont notre inscription aurait occupé la frise » (NOGUIER). Et
certains de penser qu’au cours des ans, on serait passé de Mercurios à Maloscanos !!!
Frank HAMLIN pense à un domaine qui se serait appelé Masculanum (du surnom latin
Masculus avec le suffixe anum) devenu par transformation dans le temps et le langage
Masclanu puis Masclan et Masclans. Mais il n’y a aucune trace de ce domaine Masculanum
dans les textes ni dans le territoire.
On peut remarquer aussi que le Malos canos du début devient Malos canes. Or pourquoi ne
pas envisager un passage de « malos canos » (qu’on peut traduire par pommes grises) à
« malos canes » (mauvais chiens) ? Mais où seraient les pommiers ?
Constant BLAQUIERE dans son ouvrage, à la suite de CARON, rattache le nom du village au
Milicianum cité en 807 dans le don que Louis d’Aquitaine fait à l’abbaye de Gellone (Saint
Guilhem le Désert). On y trouve en effet nommé « un certain avoir nous appartenant dans le
pays biterrois, qu’on appelle Miliac, avec la villa et l’église de Saint Pargoire et la villa
Milician, ainsi que Campagnan ». Miliac serait donc Saint Pargoire, Campagnan porte
toujours le même nom et Milician serait Saint Pons. Par migration de langage, il serait devenu
« malos canes ».
Or le nom de Maloscanos se trouve pour la première fois dès 990 alors que le nom Milician
est encore utilisé au XIIème siècle : en 1140 dans le cens de la paroisse de St Pargoire (où il
n’y a pas St Pons) et en 1110, 1155 et 1174 dans des noms de personnes (Rainardus, Garsinde
et Pons de Milician) et ce lieu semble bien être distinct de St Pons. Outre que le passage de
Milician à Malos canes n’est pas très facile à expliquer, la concomitance des deux
appellations est aussi difficile à accepter.