TOPONYMIE DE CAISSERGUES
Alain Garcia « Etudes toponymiques sur les territoires de Montagnac-Aumes-Saint Pons de Mauchiens », Les Amis de Montagnac, 1993, p.83
« D’après F. Hamlin, domaine gallo-romain venant du gentilice Cassius suivi du suffixe anicis. Ce tènement est un lieu très important qui a été habité à l’époque romaine et au moyen-âge. Le club archéologique de Montagnac y a trouvé les lieux d’occupation romaine et moyenâgeuse. Sa première mention date de 1005, dans le cartullaire de Gellone sous la forme « in Kaixanegos », ensuite « villa que vocatur Causanegues » 1051-74, le castellum de Caxanicis vers 1076 (H.G.L. Vc-625), « in Cagsanigis », villa Caissanigis », in Caisanegues » 1079-1099 (cart. Gellone), de Caissanegues en 1122, « apud Caxaneges » en 1136 (cart. Aniane), de Caissanegues 12ème s. (cart. Guilhem), mansum de Caissanegues, lo mas de Caisanegues 1201. Constant Blaquière y signale une source très abondante. Un des propriétaires appela une de ses branches, source des Saintes Maries. » (GARCIA topo p.10)
« Caizergues (1724), Caissergues (la font de), Cassiergues (1832), [Kajsɛrge]
Dauzat, Combarnous : nom d’homme latin Cassius, suffixe –an –icum = Cassianicum. Villa Kaisanegos (cartulaire de Gellone, 1005), villa Caisanergues (cartulaire de Gellone, 1051), Caissergues.
Nom de plusieurs vignes, sur les flancs du Pioch Névital, une source abondante et fraîche (Font de Caissergues) récemment nettoyée et exploitée fixe la verdure à l’ombre d’énormes châtaigniers. » (MAS topo p.73)
TEXTES SUR CAISSERGUES
Le texte le plus ancien date de 1005 environ. Il s’agit du « testamentum ex honore » (inventaire de ses biens) de Gérald abbé de Gellone. Dans la liste des biens énumérés se trouve « in Kaixanegos mansum unum », Kaisanegos désignant Caissergues à St Pons de Mauchiens. (CG V p.7) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f23.item
Quelques années plus tard (entre 1051 et 1074), Raymond Auriol, son fils Pierre et toute sa famille donnent à Gellone une terre dans le territoire de St Pargoire le long du chemin « qui vadit ad villa que vocatur Caisanegues » (CG CCLIII p.213) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f229.item
De la même manière (entre 1077 et 1099), Hermessinde donne à la fois à Gellone son fils pour servir Dieu sous l’habit monastique et un bien « quem habeo in Cagsanigis vel in ejus terminio », appelé plus bas « villa Caissanigis » (CG CCXLVI p.207). A noter que parmi les signataires, il y a Pierre Bernard de Montainnac, Matfred de St Pons, Guilhem de Matfred et Guilhem de Pradines. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f223.item
A la même époque (entre 1077 et 1099), Guilhem Petri et sa sœur donnent à Gellone une « apendariam que est in Caisanegues, ubi Petrus Romaldus visus est manere », ce qui indique la présence d’une dépendance, un bâtiment, sur ce lieu (CG CCXLVIII p.209) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f225.item
Et le 2 février 1079, Rengarde et ses enfants donnent à Gellone sur l’héritage de Déodat moine « in Casanegues quatuor partes de terra, una pars est ex orto, qui vocatur Rotundus, et alia pars est ad clibanum, et alia pars juxta viam publicam subtus ortos, aliaque pars est unum campum que divitur ad Rogerias » (CG CCLXXXXIII p.244), donc des jardins, un four… https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f260.item
Un peu plus tard (1122), Guilhem, abbé de Gellone, fait faire son « testamentum ex honore » et dans la liste on retrouve « donum quod fecit Ermessinde ex alode suo de Caissanegues » et un don « ex apendaria de Caisanegues » (CG CLVII p.138) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f154.item
En 1155, Raimonde et son mari Pons de Volta vendent à Gellone plusieurs terres, dont une vigne confrontant « ex meridie in vinea Petri de Caisanages » (CG DXVI p.436) ; il ne s’agit plus d’un bien à Caissergues mais d’une famille dite de Caissergues. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9909575/f452.item
En sens inverse, si l’on puit dire, Pierre abbé d’Aniane donne en 1136 à Stéphane de Pabiran « toto honore que modo habemus in villa de Laveinag et de Sancto Poncio » biens parmi lesquels Pierre Jean « apud Caxanegues dantur III denarios de una ferragine » (CA LXXVIII p.216) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k91428j/f224.item
Mauné
Stéphane MAUNE « Les campagnes de la cité de Béziers dans l’Antiquité (partie nord-orientale) (IIe s. av. J.-C. – VIe s. ap. J.-C.) », éditions Monique Mergoil, Montagnac 1998
Caissergues
SPO 001-270
Habitat, 5000m2
1er s. av. J.-C. -VlIe/VIIIe s.
En mai 1991, A. Garcia et M. Feugère observaient à l'occasion d'un charruage sur la parcelle 271 (Caissergues-sud) les témoins d'une occupation de l'Antiquité tardive qui s'étendaient sur la parcelle 149 (Roquecourbe).
L’abondant mobilier recueilli à cette occasion est le suivant : parcelle 271 ; 1 fragment et 1 fond de bol en sigillée sud-gauloise, une dizaine de fragments d'amphore gauloise dont 1 anse de Gauloise 4, 12 fragments et 1 anse et 1 fond d'amphore africaine ou hispanique, 1 lèvre d'amphore hispanique de type Keay XIII (?), céramique à pisolithes abondante (4 fonds plats d'urnes ou marmites, 2 fonds plats type C2a ou b, 2 lèvres C2c, 1 lèvre B5b et c, Ail ou B5a, 1 lèvre de pichet G3, 1 lèvre de plat inédit), 2 fragments de sigillée claire D et 1 lèvre Hayes 61a (325-400), 2 fragments de Luisante, 6 fragments de céramique calcaire engobée, 4 fragments, 1 fond de mortier, 1 fond indéterminé et 1 lèvre type 16 à décor de rouelles, 17 fragments, 1 fragment à décor de molette, 1 fond plat, 2 lèvres (dont 1 B30b) du VIe s., 7 lèvres d'urnes ou marmites à bord quadrangulaire massif des VIIe-VIIIe/IXe s., en céramique commune réductrice à pâte kaolinitique, 25 fragments, 3 fonds plats, 3 lèvres à poulie type Kao. A29 et 3 lèvres diverses alto-médiévales en céramique commune réductrice noire à pâte sableuse fine, 1 vingtaine de fragments, 3 fonds et 1 lèvre droite à bord en bourrelet souligné par un sillon externe en céramique commune réductrice grise, 1 lèvre de cruche en céramique commune oxydante à pâte sableuse orangée, 1 fond en céramique commune oxydante à pâte calcaire polie, 1 fond de mortier avec inclusion de grains de basalte en céramique commune oxydante calcaire à pâte jaune claire, 1 lèvre de céramique commune oxydante marron à chamois, pâte sableuse fine à dégraissant blanc, 4 fragments de verre dont 1 lèvre de coupe à bord replié et une plaque boucle non articulée à tête de dauphin (Ve s.). Sur la parcelle 149 : 10 fragments et 1 anse d'amphores africaines, céramique à pisolithes (2 fragments, 1 lèvre B5b, C2c, A13, B5a, 1 fond plat C2a, b ou c, 3 fonds plats d'urnes ou marmites), DSP (1 fragment, 1 fond annulaire, 1 fragment de lèvre droite déversée, 1 grand fond de coupe ou assiette, 1 lèvre type 8, 18c et 18b, 1 lèvre droite épaisse soulignée par un léger sillon externe sous le bord), 5 fragments et 1 lèvre d'urne à bord épaissie en céramique commune réductrice à pâte kaolinitique, 31 fragments, 3 fonds plats et 2 lèvres de céramique commune réductrice à pâte noire sableuse, 23 fragments, 1 fond plat d'urne, 1 lèvre à bourrelet, 4 lèvres d'urne à bord triangulaire à face externe en poulie ou en bandeau en céramique commune réductrice à dégraissant blanc, 1 fragment de bol caréné type Lamb. l/3a (ou Pernon 37a), 3 fragments de céramique calcaire engobée ou sigillée claire B, 1 lèvre type kao A29, 1 fond plat et 1 fragment de céramique commune réductrice grise alto-médiévale, 1 lèvre à bord rentrant et 1 lèvre à bord en bourrelet externe en céramique commune oxydante marron à lie de vin, 1 fragment d'amphore italique à dégraissant volcanique, 1 lèvre d'assiette en sigillée sud-gauloise. On peut ajouter à ce mobilier un lot recueilli postérieurement en 1993 et qui n'apporte rien de nouveau à la chronologie de ce secteur : amphore africaine (Keay LVII ?), céramique commune réductrice à pâte kaolinitique (urne A19, A25), à pâte grise sableuse fine (type marmite kao B31 ?), Luisante, DSP, claire D, calcaire engobée (copie DSP 44).
En décembre 1991, à l'occasion de prospections de surface systématiques, nous avons méticuleusement prospecté les tènements de Caissergues-sud, est et ouest où sur ce dernier (parcelles 144, 145 et 146) on a pu localiser l'emplacement présumé d'un important bâtiment gallo-romain dont les structures semblent assez bien conservées (parc. 144) car recouvertes en grande partie par un bosquet. Les parcelles 145 et 146 ont livré pour leur part de nombreux fragments de dolium très fragmentés et érodés (bâtiment agricole), de la tegula, 1 anse de Dr. 20 et un peu de sigillée sud-gauloise, de la BOB et cinq monnaies : monnaie «à la croix» de type Négroïde fourrée, un as de Germanicus, de Vespasien, d'Hadrien et d'Antonin le Pieux, antoninien argenté de Gordien, petit bronze de Valérien et de Constantin. À noter la présence, sur le tènement de Caissergues-sud, d'un chemin rural passant sur un banc rocheux qui porte de très profondes ornières (ce chemin relie St-Pons/St-Julien à Caissergues). D'après R-R. Hamlin, l'origine du toponyme Caissergues viendrait du gentilice gallo-romain Cassius + suff. -anici- (première mention vers 1005 dans le cartulaire de Gellone : in Kaixanegos puis en 1051-74 : villa que vocatur Caisanegues). Le site, exposé au nord est installé de part et d'autre d'un chemin rural, près d'un carrefour et d'une source pérenne, contre les petits reliefs de Roquemengarde et de Pioch Névital.
Les découvertes effectuées à Caissergues montrent que nous sommes en présence d'un important établissement gallo-romain peut-être fondé dans la deuxième moitié du 1er s. av. J.-C. (monnaie et fragments d'amphores italiques) qui perdure tout au long du Haut-Empire et qui, comme le site de 1'Ermitage à Paulhan, semble être affecté par un micro-déplacement à la fin du IIIe s. ou dans la première moitié du IVe s. A partir de cette période, le site se développe de part et d'autre d'un chemin rural jusque dans le courant du haut Moyen-Age (VIIIe s. ?), époque à laquelle, il connaît soit un abandon définitif, soit un nouveau glissement spatial dont nous n'avons pas retrouvé les traces.
Bibliographie :
S. Mauné, L’occupation antique du Piscénois et du Montagnacois de la fin du deuxième Age du Fer au début du Haut Moyen-Age, Maîtrise d’Histoire ancienne, 2 vol., Besançon, 1992 inédit
S. Mauné, M. Feugère, Ch. Guerrero, A. Garcia, Inventaire archéologique de la commune de Saint Pons de Mauchiens (Hérault)., (rapport 1993), Service Régional de l’Archéologie Languedoc Roussillon, inédit
S. Mauné, Les campagnes du Biterrois nord-oriental dans l’Antiquité, IIe s. av. – Vie s. ap. J.-C. Peuplement et occupation du sol, économie, pratiques cultuelles et funéraires, Thése pour le doctorat d’Histoire ancienne, Université de France-Comté, 4 tomes, 1100 p. Inédit 1996
L’établissement rural de Caissergues à St Pons de Mauchiens.
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Haut empire
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Antiquité tardive
Mobilier céramique tardo-antique de Caissergues à Saint Pons de Mauchiens :
1 et 2, céramique commune oxydante à isolithes,
3, 4 et 16, amphore africaine ;
17 et 18, DSP ;
19 et 21, céramique commune oxydante ;
5-15 et 24, céramique commune réductrice ;
22, 23 et 25-27, céramique commune réductrice de type Pabiran.
Echelle 1/3
OCCUPATION ROMAINE DE CAISSERGUES
« L’occupation du sol est marquée par un certain dynamisme. Alors que des sites de IVe-Ve siècles ne sont généralement que la prolongation des habitats antérieurs, le VIe siècle voit un certain nombre de créations sur des sites nouveaux : sur le flanc d’une colline, comme les habitats de Lico-Castel à Aumes, de Caissergues à Saint Pons de Mauchiens, ou au centre d’une zone vallonnée, comme Saint Jaumes à Montagnac. » (A. NOS, « Montagnac, 6000 ans d’histoire », les Amis de Montagnac, 1991, p.48).
Saint-Pons-de-Mauchiens (Fig. 17) Caissergues
158. Plaque-boucle à dauphins, Ve s.; prosp. et don M. Feugère; MPM, inv. 993.34.1; Feugère 1994a, 18, fig. 27; L. 53 mm.
Plaque-boucle rigide, à décor ocellé et motifs de dauphins sur la boucle ; les rivets de fixation coulés, que l’on rencontre habituellement sur les objets de ce type en Gaule du Sud, sont remplacés ici par des perforations. Cet élément de ceinture original peut être considéré comme une production locale du Ve siècle de notre ère (FEUGERE 2002 p.112-113)
Boucle de Caissergues
Période Vème siècle.
Cette boucle a été retrouvée dans le département de l'Hérault.
Voir l'étude faite par Michel Feugère chercheur au CNRS
Dimension -,- cm
Prix 36
LA SOURCE DE CAISSERGUES
Sources principales - Caissergues – Caissergues est une source très abondante qui coule sur un des flancs du Pioch Névital, du côté de Campagnan. Les eaux en sont fraîches et inoffensives. Une de ses branches a été appelée par son propriétaire : Source des Saintes Maries. (BLAQUIERE 1899 p.11).